Publication PSI - Paris | 2019
Volume [210X 297 mm.] de 351, [3] pages illustrées, broché, couverture illustrée.
Préface d’Erik Bullot: Discrétion du Lettrisme
Légende: extraite de « A côté du cinéma », film de Roland Sabatier, 1969. Avec Micheline Hachette et Roland Sabatier à proximité de l’église Saint Germain.
Catalogue raisonné de 174 films réalisés de 1963 à 2013.
En dehors de quelques films encore inscrits sur la pellicule, comme Le Songe d’une nudité (1968), Évoluons (encore un peu) dans le cinéma et la création (1972), Pour-Venise-Quoi ? (1994), ou encore Propriétés d’une approche (2008), la plupart des réalisations de Roland Sabatier renoncent aux supports filmiques traditionnels pour se présenter comme des films parfois sonores, souvent sans image et, plus fréquemment encore, comme des productions destinées, non plus à être projetées dans la pénombre, mais à être exposées en pleine lumière. A des titres divers, toutes sont représentatives de cette démarche purificatrice explorée jusque dans ses conséquences les plus extrêmes vers les limites au-delà desquelles un film ne ressemble plus à un film.
Rejoignant la modernité atteinte avant lui par la peinture, la poésie, la musique ou le roman, ce mode cinématographique finit par ne plus être qu’une réflexion sur le cinéma avant de s’achever dans la moquerie grossière de ce que ce dernier avait été. Comme dans un musée, « il se fait du simple déballage des éléments qui, autrefois, servaient à faire le cinéma». Ainsi, dans le but de se jouer du cinéma, l’auteur « redevient l’enfant qui joue au cinéma et devient l’ancien cinéaste qui regarde nostalgiquement son passé et celui de son art ».
Comme expressions de l’achèvement et de l’anéantissement du cinéma ciselant, hypergraphique, infinitésimal et supertemporel, ces œuvres s’imposent comme des entités autonomes. Comme telles, elles existent déjà dès l’instant où elles sont décrites et publiées. Leur matérialisation éventuelle, secondaire — possible ou non —, peut dès lors être entreprise de différentes manières selon le lieu et le contexte où elles seront portées à la connaissance du public: salle de cinéma, d’exposition, distribution dans la rue ou autres. Ces mises en œuvre potentielles n’apportant que des enrichissements secondaires, propres aux mécaniques ou cadres ponctuellement sélectionnés pour des circonstances données, sans altérer ni modifier la substance formelle intrinsèque des faits esthétiques.
Cette disposition justifiant la réalisation pour chacun de ces films d’un certain nombre de variantes ou de modifications qui ne sont que des adaptations possibles de leurs fondements premiers, seuls essentiels.
Dit autrement: Le cinéma de Roland Sabatier n’existe pas. Il n’est qu’une idée qui n’existe que dans les livres, des plans, ou des maquettes et, plus souvent encore, seulement dans la tête de ses spectateurs.
120,00 €